Design au Jardin botanique

Conformément au thème choisi, les participants seront invités à confronter entre elles différentes valeurs, attentes et traditions. L'événement au caractère éphémère a pour but de rendre le design plus perceptible par le public, notamment en Suisse.

Nadja Häfliger y voit l’opportunité d’une plateforme unique: «La Biennale du design de Zurich ouvre ses portes à l’expérimentation et à l’innovation, à mi-chemin entre performance et art.» Cela illustre et renforce le potentiel et l’importance du design comme moyen de communication au sein de notre société.

Nadja Häfliger fait partie de l’agence de design Absurda, dont elle est la co-créatrice. Absurda est composé de deux personnes, Nadja Häfliger et Basil Huwyler (25 ans). «Je dirais que c’est Absurda qui nous a créés plutôt que l'inverse», explique la jeune femme de 23 ans. Le nom est une invitation sans cesse renouvelée à remettre son métier en question, à bousculer les habitudes et à voir le monde sous un autre angle. Le thème du clash rejoint parfaitement ces préoccupations.

Les deux designers se sont connus pendant leur formation graphique à l’École de design de Bâle. Ils ont ensuite collaboré sur un projet de longue durée, avant de créer leur agence de design en 2020.

«C’est la première fois que nous participons à la Biennale du design de Zurich», explique Nadja Häfliger. Ils ont répondu en dernière minute à l’appel aux candidatures lancé en avril. Pour élaborer son concept dans la foulée, le duo a dû relever un double défi: canaliser un flux d’idées débordant et mettre sur pied un projet solide en un temps record, comme l’explique la designer.

Ils y sont parvenus grâce à la réalisation «Thank you for your data», avec un mystérieux appareil répondant au nom de iC-U. Cette machine entend montrer aux visiteurs les informations que nous générons à travers l’utilisation des espaces numériques et ce qu’il advient de ces informations. «L’idée nous est venue en pleine nuit, alors que nous étions occupés à réfléchir, assis sur notre <banc de brainstorming>, comme nous l’avons baptisé. Nous voulions établir une passerelle entre un lieu naturel comme le Jardin botanique et un espace numérique», explique la créatrice à propos de la gestation du projet. L’objectif du duo était de traduire un thème actuel en une installation.

iC-U donne de la visibilité à un processus souvent enfoui au cœur de notre rapport quotidien aux médias numériques, comme le fait observer la jeune designer. Et d’ajouter: «Ce projet nourrit une réflexion sur les données que nous partageons sans même y penser quand nous évoluons dans la sphère numérique. Et les frontières entre les différentes réalités s’estompent de plus en plus.» Pour le duo, le défi qui se pose à la société réside dans la nécessaire prise de conscience et dans une approche durable de la révolution numérique en marche.

Quand Absurda ne travaille pas sur un projet destiné à la Biennale du design de Zurich, le duo s’intéresse principalement au processus et à la collaboration interdisciplinaire avec des créateurs motivés. Car les projets au programme ne sont pas tous orientés produits. «Quand nous ne sommes pas occupés à explorer de nouvelles pistes de développement des Polaroïd en chambre noire, nous recherchons de nouvelles races de poulet dans les profondeurs des océans», observe la jeune femme.

L’agence de design n’a pas échappé aux conséquences de la crise du coronavirus. «La pandémie a profondément marqué notre travail.» Durant le confinement, les deux designers ont dû inventer de nouvelles approches de travail. Mais Nadja Häfliger y voit également un progrès: «Dans la mesure où une grande partie de la collaboration s’est déplacée dans l’espace numérique, nous avions à cœur d’explorer plus en profondeur cette forme de communication et de collaboration.» Certains projets évoluent aux confins du numérique et de l’analogique. Cette confrontation a fini par donner lieu au projet destiné à la Biennale du design de Zurich.