L’art coloré et lumineux de Maya Rochat en plein air

Actuellement, il est possible de s’immerger en plein air dans l’univers de Maya Rochat. Ses peintures sont exposées dans la cour intérieure du Stadelhofer Passage jusqu’au 20 avril 2022 dans le cadre de Tableau Zurich.

Künstlerin aus Lausanne: Maya Rochat

Expérimenter l’art a fait défaut pendant la crise du coronavirus. Heureusement, il nous est désormais à nouveau permis de découvrir, de nous émerveiller et de nous perdre dans les couloirs des musées. Toutefois, un changement de mentalité a eu lieu. L’expérience a montré que l’art pouvait également investir d’autres espaces et environnements.

Depuis un certain temps déjà, Tableau Zurich poursuit cette même idée. La galerie d’art publique organise deux expositions par an dans la cour intérieure du Stadelhofer Passage. La créativité sur des panneaux rendue accessible à tous 365 jours par an.

Si vous passez aujourd’hui par la gare de Stadelhofen à Zurich, vous découvrirez les peintures colorées et abstraites de la Lausannoise Maya Rochat (36 ans). C’est en plein air que Bolero a rencontré cette artiste sympathique en compagnie de ses œuvres. Elle nous a parlé du phénomène du changement, des défis du monde d’aujourd’hui et de son grand modèle.

Bolero: En ce moment, vos tableaux peuvent être admirés par de nombreuses personnes à l’extérieur. Qu’en pensez-vous?

Maya Rochat: C’est agréable de s’imaginer le nombre de personnes qui passent ici chaque jour, s’arrêtent peut-être un instant et vivent une expérience en les regardant. Avec mes peintures, je veux créer plus d’espace pour la créativité, les sentiments et les émotions. Le fait de pouvoir désormais le faire à l’extérieur est certainement lié à la crise sanitaire, mais cela rend aussi l’art particulièrement accessible.

Le changement est donc une bonne chose selon vous.

Je pense que les jeunes artistes d’aujourd’hui doivent simplement trouver leur place dans le monde d’une manière différente. La carrière qu’un artiste pouvait avoir par le passé n’est plus forcément d’actualité à présent. Le monde tel que nous l’avons construit ensemble est en constante évolution. L’avantage, c’est que nous pouvons maintenant construire ensemble un monde meilleur. Nous, les créatifs, jouons ici un rôle important: nous exerçons une certaine influence, et si nous ne sommes certes pas des prophètes, nous projetons néanmoins des images dans le monde avec lesquelles nous sommes capables de créer une certaine réalité.

Un rôle lourd de responsabilité. Cela ne peut-il pas aussi devenir un fardeau?

Si, absolument. Cette pensée me rendait au début mal à l’aise et a également déclenché un blocage chez moi. À travers les tableaux que j’obtiens et que je transmets au monde, je ne change certes rien directement, mais j’influence les sentiments du spectateur et la façon dont il interagit avec.

Cela semble très profond. Est-ce que vous traitez ces pensées dans vos peintures?

Les tableaux me viennent de manière instinctive. Ils ne sont pas toujours positifs, je ne les aime pas toujours, mais ils ne me lâchent pas. Souvent, je ne comprends qu’après coup pourquoi je les ai trouvés intéressants. L’idée de la mutation est toujours en arrière-plan. Après tout, il y a toujours quelque chose derrière qui est créé mais détruit en même temps. C’est l’idée du mouvement à un niveau très profond, cellulaire. C’est pour ainsi dire le symbole d’un monde en constante évolution.

Et où puisez-vous votre inspiration pour peindre?

Dans le quotidien et la nature. Toutefois, lorsque nous ne nous trouvons pas en période de crise, je travaille sous forme de performances. Je crée mes peintures en format A4 et j’utilise un rétroprojecteur pour projeter les couleurs dans toute la pièce. L’art devient alors une expérience et mes œuvres voient le jour en direct devant un public. J’e l’ai déjà fait au Tate Modern à Londres dans le cadre de «Living in a Painting». J’utilise alors l’énergie de l’espace et des visiteurs. La crise sanitaire m’a privée de cette énergie collective de manière brutale: j’ai dû peindre seule dans mon atelier et puiser l’énergie ailleurs. J’ai alors réalisé à quel point les gens peuvent s’adapter rapidement à de nouvelles situations. Et moi aussi, heureusement (rires).

Vos peintures sont colorées et lumineuses. Que signifient les couleurs pour vous?

J’ai toujours été attirée par ce qui est abîmé – la peau, les blessures, la destruction cellulaire, l’eau sale. Une esquisse de la réalité en quelque sorte. À un moment donné, j’ai réalisé que de tels motifs peuvent rapidement devenir déprimants. Comment donc illustrer ce thème de manière plus positive? C’est là que les couleurs et les volumes sont entrés en jeu. Mes motifs très colorés et abstraits permettent au spectateur de laisser libre cours à l’interprétation et la créativité. Ici, dans ce passage, j’aime l’idée que mes peintures sont dans des cadres séparés, tout comme nous, les humains, le sommes. Chacun de nous a son propre espace – son corps – qui se trouve toujours en opposition à un autre. Et pourtant, il existe un lien profond. Les peintures pourraient également toutes être issues d’une seule œuvre qui ne cesserait de muter.

Venez-vous d’une famille d’artistes ou d’où vient cet enthousiasme pour l’art?

Pas vraiment (rires). Mon père a appris le métier de carreleur. Ma mère a étudié la décoration d’intérieur et a travaillé, entre autres, comme styliste de mode et Visual Facilitator. Elle m’a donc pour ainsi dire ouvert la voie à l’expression de la créativité. Mais plus jeune, je n’avais vraiment aucune idée de l’art contemporain.

Votre mère est donc un personnage important de votre vie?

Ma mère Cornelia est une personne impressionnante. Elle n’a pas toujours eu la vie facile et a dû évoluer en permanence, ce que j’admire beaucoup. Au fil des années, elle a eu différentes vies et professions. Elle a toujours été derrière moi et me soutient quand elle le peut, et je lui en suis très reconnaissante. Avec elle et ma sœur Pernelle, nous avons également une marque de vêtements de yoga, Breath of Fire. Nous sommes une véritable famille d’entrepreneuses – trois femmes, une équipe de choc.

Pour quoi d’autre êtes-vous reconnaissante actuellement?

Pour la vie, la nourriture et l’eau. Pour avoir un endroit chaud où dormir. Pour vivre dans un pays où j’ai des droits en tant que femme. Je suis reconnaissante pour toutes les opportunités qui me sont offertes et que je saisis.

​​Portrait

Maya Rochat (36 ans) est une artiste en arts visuels qui travaille dans les domaines de la photographie, la peinture, la vidéo, la performance et l’installation. Elle s’est fait un nom en tant qu’artiste suisse expérimentale émergente. L’artiste originaire de Lausanne a déjà exposé en Suisse ainsi qu’à l’étranger, notamment au Tate Modern à Londres. Ses œuvres ont également été présentées au Palais de Tokyo, au Kunsthaus Langenthal, à la Gessnerallee, au Centre d’Art Contemporain Genève et au Fotomuseum Winterthur.

Maya Rochat a étudié à l’école cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Elle a commencé par la photographie qu’elle a fini par trouver «trop encadrée»: «Je voulais m’adresser directement à davantage de personnes. C’est alors qu’est venue l’idée de l’installation spatiale et de la performance» explique l’artiste.

Plus d’informations au sujet de Maya Rochat ici.

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